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LA VAGUE DE L'AMOUR

Costa Brava. Espagne.

Allongée sur le dos, les bras en croix sur la plage, son maillot encore mouillé par la baignade qu'elle vient de s'autoriser aux aurores, chacun de ses petits grains de sable fin, délicieusement chaud, pénétrant sous ses ongles, elle enfonce ses doigts, ses phalanges se courbent doucement puis serrent fortement le sable dans sa main, comme si c'était lui, son homme, dont elle rêve encore la nuit comme le jour.

Mais en serrant si fort le sable dans chacune de ses mains, elle ne put s'empêcher de ressentir une petite douleur car la rugosité de ce sable lui fit mal à l'intérieur de chacune de ses paumes, et elle sanglotait en même temps. Etait-ce le sable qui lui faisait mal ? Ou  l'imagination de croire qu'elle le tenait vraiment, lui, son homme, son amoureux ?

Elle restait allongée comme si elle attendait quelque chose. Quoi ? Qu'il vienne ? Espère-t-elle toujours dans le vide ? C'est curieux comme le vide cette fois fait peur. Mais ce vide sera-t'il comblé un jour ? Elle ferma les yeux très serrés, refusant de voir ce qui se présentait face à elle.

Mais cette angoisse et cette agitation furent pratiquement immédiatement soulagées par la douceur du sable fin qui lui tombait sur les chevilles puis remontait doucement et lentement jusqu'à ses cuisses. Puis tout s'arrêta pour reprendre sur le haut de son cou, c'était tellement agréable ! C'est fou comme on peut ressentir une certaine sensualité avec du sable qui parcourt son corps. 

Imagination ou réalité ? Etait-ce bien un homme qui fit passer cette petite douceur en un délicieux moment de désir, fondante de plaisir et de délire ? Moment de pur délire, délire enivrant. Que se passe-t'-il ? Son imagination lui joue-t-elle des tours ? C'est simplement la vague de l'amour .

Ce texte complet se trouve page 81 du livre Sur les traces du mal éditions Baudelaire. Ecrit par Patricia Villard et progégé par le SACD.